« Être collée contre toi et danser un slow dans ton salon, juste parce qu’on le peut. Juste comme ça. Juste parce qu’il fait nuit.
J’étais venue dîner ce soir-là parce que tu étais mal. Normalement tu ne les dis pas ces choses-là, normalement tu les caches parce que comme tout le monde finalement tu n’aimes pas trop montrer que ça ne va pas. On fait tous semblant que les coups de blues n’existent pas comme s’ils étaient honteux – pourtant on le sait bien, que ce n’est pas possible d’être toujours joyeux.
On a commandé japonais, mais tu n’as pas mangé. C’est plutôt rare venant de toi et ça m’a marquée – tu étais là, assis en tailleur sur ton canapé, ton plateau de sushis sous les yeux et le regard dans le vide. J’ai posé mes baguettes et me suis blottie contre toi.
Tu as refermé tes bras sur moi et m’as serrée fort contre ton torse. Ta tête reposait légèrement sur la mienne ; je sentais ta respiration caresser mes cheveux, de plus en plus lentement. Ta main a cherché la mienne et nos doigts se sont entrelacés doucement.
Le temps s’est arrêté et soudain le monde n’était plus que sérénité.
Quand nous nous sommes finalement levés tu m’as attrapée par la taille et m’as délicatement amenée contre ton corps. La seule lumière qui nous éclairait était celle du lampadaire devant ta fenêtre ; nous étions presque dans le noir, baignés par une semi-obscurité apaisante.
Tu as commencé à nous faire tournoyer. Il n’y avait pas de musique – rien que le silence et nos souffles réguliers pour nous offrir un tempo.
C’était la première fois que nous dansions tous les deux. »